DIALOGUE POLITIQUE
Déclaration des jeunes d'Afrique de l'Ouest

Forum ouest africain de la jeunesse
Declaration des jeunes d'Afrique de l'Ouest

‘‘Nous jeunes délégués, représentants divers organisations politiques et mouvements de la société civile, ressortissants des États membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique l’Ouest (CEDEAO), réunis du 1er au 3 décembre 2022, à Abidjan, dans le cadre du Forum Ouest Africain de la Jeunesse, organisé par l’Institut de Formation Politique Amadou Gon Coulibaly (IFP-AGC) avec l’appui de la Fondation Friedrich Naumann, afin de développer une compréhension commune et partagée de la contribution des jeunes à la consolidation de la Démocratie, et la préservation de la stabilité dans la sous-région ;

Considérant la situation sécuritaire préoccupante de l’Afrique de l’Ouest marquée par une exacerbation de la conflictualité, dans un contexte de montée en puissance des activités terroristes dans la sous-région, avec des attaques terroristes enregistrées dans plusieurs pays, notamment le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Togo et le Benin ;

Considérant que la nouvelle ère d’instabilités politique, institutionnelle et sociale, d’extrémisme violent, de propagation de fake news et de discours de haine, ouverte par cette situation, constitue une réelle menace pour les populations de la sous-région en général et spécifiquement pour les jeunes de l’Afrique de l’ouest ;

Considérant que, du fait de leur fragilité sociale, les jeunes qui représentent plus de 75% de la population ouest-africaine, sont aujourd’hui la cible favorite des groupes armés guidés par leur volonté de renforcer leurs effectifs, d’amplifier la terreur et de nuire à la stabilité des Etats; Considérant que la peur et l’appréhension engendrées par les odieuses attaques terroristes, combinées aux difficultés qu’éprouvent les Gouvernements à contenir les groupes terroristes, ont accru le mécontentement de la population vis-à-vis de cette situation et permis aux mouvements et discours populistes de gagner du terrain, fragilisant ainsi la cohésion et la paix au sein de certains Etats;

Conscients que cette montée du populisme constitue une menace pour la stabilité, la démocratie et le développement de nos États ;

Conscients que le populisme en Afrique de l’Ouest s’attaque aux valeurs importantes d’ouverture sur le monde, de tolérance, de solidarité et d’une sous-région unie, tel que souhaité par les pères fondateurs de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), exacerbe les divisions existantes ou latentes, sans offrir des perspectives constructives pour le bien-être des populations;

Conscients que la situation sécuritaire, sociopolitique de la sous-région ouest[1]africaine soulève des préoccupations importantes et complexes, dont les solutions ne peuvent être trouvées dans la division de la société et le rejet de l’autre;

Conscients que c’est l’action, voire l’activisme, des promoteurs de la démocratie, des droits humains et de la solidarité internationale qui fera reculer l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest;

Soucieux de contribuer à l’édification d’Etats ouest-africains en paix, solidaires, inclusives, respectueux des droits humains et des libertés individuelles et collectives;

Saluons les initiatives de promotion de la démocratie, de l’État de droit, de la bonne gouvernance, des libertés individuelles et collectives et de la paix dans les États membres de la CEDEAO; Condamnons fermement la prise de pouvoirs par les coups d’états militaires et toutes autres formes de violences ;

Saluons, au-delà des interventions militaires, les réponses sociales apportées par certains gouvernements aux problèmes des populations, notamment des jeunes, dans les zones de fragilités, à travers les programmes d’autonomisation et d’aide à l’insertion socio-économique;

Invitons les autres Etats à leur emboîter le pas et à intensifier ces actions de développement et d’amélioration des conditions de vie des populations qui visent à réduire les vulnérabilités des communautés locales;

Exhortons les États à préserver les initiatives communes de paix et de sécurité gage de la consolidation des liens fraternels entre nos différents États ; Invitons les jeunes Africains à accompagner les initiatives des États en faveur de la paix et de la sécurité, en rejetant les discours de haine, d’exclusion, de stigmatisation et de repli identitaire.

Relevons, la nécessité de renforcer les synergies d’actions entre les Etats dans la lutte contre le terrorisme notamment en matière de solidarité militaire ;

Invitons nos Etats à privilégier le dialogue, la fraternité et la voie diplomatique dans la résolution des différends ;

Apportons notre soutien aux initiatives de la CEDEAO en vue du retour à l’ordre constitutionnel dans certains Etats de la sous-région et l’invitons à amplifier ses actions en matière de Diplomatie préventive ;

Encourageons la poursuite de la médiation pour un dénouement heureux de l’affaire des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali.

Exprimons notre profonde gratitude à l’Institut de Formation Politique Amadou Gon Coulibaly pour l’initiative de ce forum et à la Fondation Friedrich Naumann pour son accompagnement ;

Adressons nos remerciements aux autorités ivoiriennes et au peuple de Côte d’Ivoire pour son hospitalité; Prenons l’engagement d’amplifier la voix des jeunes de l’Afrique de l’Ouest en travaillant ensemble pour la promotion de la démocratie et de la stabilité dans la sous-région.

Décidons de faire converger nos efforts à travers la mise en place d’un réseau des jeunes africains pour la démocratie et la stabilité en Afrique de l’ouest, en vue de :

  • Plaider pour l’association et l’inclusion des jeunes dans toutes les actions mises en œuvre pour la stabilité et la consolidation de la paix ;
  • Initier des actions en faveur des jeunes pour la promotion de la stabilité, de la démocratie et la lutte contre les nouveaux enjeux sécuritaires ;
  • Encourager la représentation et la participation des jeunes dans les instances décisionnelles et de plaidoyer’’.

                                                                                              Fait à Abidjan, le 03 décembre 2022

                                                                                                                                    Les Délégués