Loi de finances 2025
Loi de finances 2025 au Maroc : franchir le cap décisif pour une croissance inclusive

La loi de finances constitue chaque année un exercice d’équilibre délicat entre impératifs budgétaires, exigences de développement et nécessité d’une gouvernance efficace des ressources publiques. Dans un contexte marqué par des tensions économiques globales et des défis structurels internes, l’élaboration de la loi de finances 2025 soulève plusieurs interrogations majeures quant aux priorités budgétaires, aux réformes fiscales envisagées et aux stratégies de financement des politiques publiques. Loin d’être un simple document comptable, cette loi reflète les choix économiques et sociaux d’un État et conditionne la trajectoire de son développement à moyen et long terme.
L’une des problématiques centrales concerne la soutenabilité budgétaire dans un environnement macroéconomique en mutation. L’économie marocaine fait face à des pressions croissantes, notamment en raison des déséquilibres budgétaires persistants et des fluctuations des marchés internationaux. La question du financement des politiques publiques devient ainsi cruciale, notamment avec l’accélération des grands chantiers nationaux comme la généralisation de la couverture sociale et les préparatifs pour la Coupe du monde 2030. Cette situation impose un arbitrage rigoureux entre la nécessité de soutenir l’investissement public et l’impératif de contenir l’endettement. À cet égard, une approche budgétaire plus agile, fondée sur une gestion proactive des ressources et une diversification des mécanismes de financement, apparaît essentielle pour garantir la résilience économique du pays face aux chocs externes.
Dans cette dynamique, la réforme fiscale occupe une place centrale. Une fiscalité efficiente ne se limite pas à un simple outil de collecte des recettes publiques, elle constitue également un levier stratégique pour orienter la croissance économique et renforcer la justice sociale. L’élargissement de l’assiette fiscale, la réduction des asymétries entre les différents acteurs économiques et l’amélioration de la transparence fiscale sont autant de défis à relever pour garantir une meilleure équité budgétaire. Toutefois, la modernisation du système fiscal ne peut se limiter à des ajustements techniques. Elle doit s’inscrire dans une vision globale qui intègre les contraintes économiques des entreprises, les besoins sociaux des citoyens et les exigences de compétitivité du pays à l’échelle internationale. L’inclusion progressive du secteur informel, qui représente une part significative de l’économie nationale, constitue un enjeu majeur dans cette perspective. Un cadre incitatif adapté, combiné à une simplification des procédures administratives, pourrait favoriser l’intégration de ces activités dans le circuit formel et renforcer ainsi la mobilisation des ressources publiques.
La loi de finances 2025 doit se montrer plus réactive aux fluctuations économiques et mieux anticiper les crises exogènes susceptibles d’affecter la stabilité du pays. La dynamique inflationniste, accentuée par la volatilité des prix de l’énergie, impose de revoir les dispositifs de subventions et de fiscalité énergétique afin de soutenir les ménages vulnérables tout en préservant l’équilibre budgétaire. Par ailleurs, le renforcement de l’État social, à travers la généralisation de la couverture sociale et des politiques de protection, requiert une ingénierie financière diversifiée. Le recours aux partenariats public-privé peut permettre de mobiliser des ressources complémentaires, à condition que les contrats soient mieux encadrés afin de garantir un impact réel sur le développement des infrastructures et la répartition équitable des risques.
Au-delà des aspects budgétaires et fiscaux, la gouvernance financière et la transparence des finances publiques apparaissent comme des conditions essentielles à la mise en œuvre d’une politique budgétaire efficace. L’accès à l’information budgétaire, la qualité des données financières et la reddition des comptes sont des éléments déterminants pour renforcer la confiance des citoyens et des investisseurs. Dans cette optique, le Maroc a entrepris plusieurs réformes visant à améliorer la transparence budgétaire et à renforcer les mécanismes de redevabilité. Toutefois, la concrétisation de ces engagements requiert une meilleure coordination entre les différents acteurs institutionnels et une consolidation des dispositifs de suivi et d’évaluation des politiques publiques. La question des partenariats public-privé s’inscrit également dans cette réflexion. Si ces mécanismes de financement offrent des opportunités pour mobiliser des ressources complémentaires en faveur du développement des infrastructures, leur efficacité dépend largement de la mise en place d’un cadre réglementaire clair et équilibré garantissant une répartition équitable des risques et des bénéfices entre les secteurs public et privé.
Enfin, la soutenabilité des finances publiques ne peut être dissociée des enjeux environnementaux et sociaux. La prise en compte des critères de durabilité dans la gestion budgétaire devient impérative pour assurer l’équilibre entre croissance économique, préservation des ressources naturelles et protection sociale. L’intégration de mécanismes d’évaluation des risques environnementaux dans les choix budgétaires, le développement d’outils de financement verts et l’alignement des politiques fiscales sur les objectifs de transition écologique sont autant d’axes à privilégier pour construire une trajectoire budgétaire plus résiliente. Dans cette optique, une approche systémique, favorisant la convergence entre les politiques économiques, fiscales et sociales, pourrait permettre d’optimiser l’allocation des ressources et de renforcer l’impact des politiques publiques sur le développement national.
L’élaboration de la loi de finances 2025 intervient ainsi à un moment clé, où les choix budgétaires détermineront la capacité du Maroc à relever les défis économiques, sociaux et environnementaux des prochaines années. Une gouvernance budgétaire plus agile, une réforme fiscale mieux ciblée et une transparence accrue des finances publiques constituent des leviers essentiels pour assurer une trajectoire de développement plus inclusive et durable.