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Sénégal
Edition 2021 du Forum Libéral de Dialogue Politique sur: "PERSPECTIVES ECONOMIQUES POST-COVID : Quels programmes et plans d’actions pour l’employabilité et l’entreprenariat ?

Forum Libéral
© FNF Westafrica

La maladie à coronavirus, avec son lot de pertes humaines, a produit un choc économique mondial sans précédent. Ses effets ont été accentués par la vitesse de propagation de la maladie qui a nécessité des mesures drastiques de confinement, d’espacement physique et de limitation des déplacements. Le confinement, d’une part considérable de la force de travail mondiale, a engendré une baisse inévitable de la production, débouchant sur des pertes d’emplois et de revenus et donc sur un ralentissement de la consommation globale. Cette crise a ainsi lourdement impacté la croissance des pays développés et en voie de développement et a plongé le monde dans une récession dont l’ampleur dépasse largement celle de la crise bancaire et financière de 2008, selon le FMI.

L’activité économique mondiale a connu un ralentissement à hauteur de 3,3% en 2020 et devrait retrouver une croissance de 6% en 2021, avant de retomber à 4,4% en 2022. Les pays de l’ASEAN ont enregistré un recul de la croissance de 3,4% en 2020 et les projections pour 2021 s’établissent à 4,9% de croissance. L’Afrique subsaharienne, après avoir enregistré une récession de 1,9% en 2020, retrouvera un taux de croissance positif de 3,4% en 2021 et 4% en 2022. La Chine, après une faible croissance de 2,3 en 2020, enregistrera une hausse du PIB réel de 8,4% en 2021 puis 5,6% en

2022 (FMI, 2021). La zone euro a connu un recul de 6,6% en 2020 et espère enregistrer un taux de croissance de 4,4% en 2021 (FMI, Avril 2021). En Afrique, les pertes de production atteindront 12 points de pourcentage du PIB entre 2020 et 2021 et le revenu par habitant ne reviendra à son niveau d’avant-crise qu’entre 2022 et 2025, en fonction des pays. C’est le monde entier qui est en crise et ces perturbations macroéconomiques ont des effets qui commencent à se faire sentir sur les niveaux et conditions de vie des populations, surtout les plus vulnérables.

Selon la Banque mondiale, la pandémie pourrait faire sombrer 49 millions de personnes dans le monde dans l'extrême pauvreté en 2020, du fait des suppressions d'emplois, du déclin des envois de fonds des migrants, des hausses de prix.

Pour la première fois depuis 25 ans, l’Afrique est en récession à l’exception de quelques rares pays. Le ralentissement de la croissance pourrait faire basculer 29 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté (CEA). Le chômage a également augmenté. Les jeunes et les femmes sont les plus vulnérables, car étant en majeure partie actifs dans le secteur tertiaire qui est amplement touché par la crise.

Selon l’OIT, la création de l’emploi formel diminuera entre 1.4 et 5.8% et on assistera à une réduction drastique des heures de travail en Afrique à cause des mesures de confinement social – une réduction de 4.9%.

Le Sénégal, à l’instar de beaucoup de pays du Sud, subit les conséquences de cette crise. Le taux de croissance, qui était projeté à 6,8% pour 2020, a drastiquement chuté à 1,5%. Au demeurant, des initiatives heureuses ont été prises par l’Etat pour atténuer les effets de la crise.

Le gouvernement a mis en place un programme de résilience économique et sociale afin de :

  • Soutenir le secteur de la santé;
  • Renforcer la résilience sociale des populations (soutien aux ménages vulnérables et à la diaspora sénégalaise);
  • Assurer la stabilité macroéconomique et financière pour soutenir le secteur privé et maintenir les emplois.

Toutefois, il faut relever que les conditions d’accès à l’emploi des jeunes sont affectées par l’ampleur structurelle du chômage. En effet, la frange la plus jeune de la population est touchée de plein fouet par le chômage et la précarité. Plus de 300.000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail et sont souvent peu employables et identifiés comme population à risques. L’inadéquation entre la formation et les besoins du marché est souvent mise en cause. En effet, de plus en plus de jeunes diplômés arrivent sur le marché du travail sans qualification professionnelle. De même, la notion d’employabilité souvent agitée « dans l’explication des déséquilibres du marché du travail, dans l’orientation des politiques éducatives, dans la gestion de la relation d’emploi par les entreprises, et même dans l’interprétation des stratégies individuelles des demandeurs d’emploi », pose avec acuité la question de l’adaptation aux nouvelles formes de travail.

Il s’agit, à travers ce forum, de jeter un regard sur la lancinante question des politiques publiques en matière de formation professionnelle, d’emploi et d’entrepreneuriat, tout en envisageant les voies et moyens pour une pleine participation de la frange jeune dans le processus de développement de la vie économique.