DE

LIBERTE D'EXPRESSION

Repenser la liberté d’expression à l’ère du numérique

Deux journalistes ivoiriens ont participé à un séminaire international organisé par la Fondation Friedrich Naumann en Allemagne autour du thème "Liberté de la Presse : Défis à l’ère du Numérique". La rencontre qui s’est tenue du 26 juin au 08 juillet 2022 à l’Académie de la Fondation Naumann à Gummersbach en Allemagne a réuni 26 participants de 23 nationalités.

La liberté de la presse ou son équivalent moderne, la liberté des médias, est un principe central de la pensée libérale et une valeur libérale fondamentale. Sans cette liberté, il serait difficile d’évoluer dans une société où la contradiction, les oppositions et les échanges d’idées conduisent à l’instauration de la bonne Gouvernance et l’Etat de droit. Pendant 14 jours, les journalistes ont échangé sur les voies et moyens de garantir cette liberté à l’heure où les médias traditionnels (presse imprimée, télévision et radio) sont en perte de vitesse face à la montée des supports numériques.

La démarche de ce séminaire international a consisté à réfléchir sur la notion du droit à la liberté d’expression comme moyen de garantir la vitalité démocratique (1). Il a fallu ensuite analyser et comprendre le paysage médiatique actuel en tenant compte des contextes socio-politiques (2). De cette analyse a découlé un débat sur la désinformation et la manipulation de l’information à des fins politiques et d’asservissement des masses (3). La dernière partie des réflexions de groupe ont consisté à proposer des réponses pour garantir la liberté d’expression à l’ère du Numérique (4).

La barrière à la liberté d’informer

Les réalités que vivent les journalistes et les médias ne sont pas aussi différentes que l’on soit en Amérique latine, en Afrique ou au Moyen Orient. De nombreuses dispositions juridiques musellent les journalistes, activistes et journalistes-citoyens. Les pressions politiques et économiques ne leur permettent pas d’exercer dans de bonnes conditions aussi bien au niveau de leur sécurité que dans le traitement de l’information. Si l’ère du numérique consacre une forme de démocratisation dans la production et la diffusion de l’information, elle favorise aussi et surtout la prolifération des fake news et l’explosion des médias propagandistes.

L’autre réalité, c’est que les médias qui tentent de se réinventer et de créer un nouveau modèle inspiré de l’économie numérique sont sous le diktat des grands groupes qui contrôlent internet (GAFA). Les revenus publicitaires en ligne sont mal redistribués créant une nouvelle situation de précarité pour les médias numériques. Pour faire face à tous ces problèmes, les journalistes ont proposés des pistes de solutions qui s’inspirent des principes du libéralisme. Ces solutions libérales visent à garantir la liberté d’expression à l’ère du numérique tout en garantissant la viabilité économique et éditoriale des médias.

Des solutions libérales

Les participants ont estimé premièrement qu’il est temps de replacer le journalisme professionnel au cœur du processus d’information. Les citoyens doivent pouvoir faire la différence entre les opinions des célébrités du web et des influenceurs et la crédibilité du contenu médiatique fruit d’un travail professionnel. Cette méthode qui passe par l’éducation aux médias rend le journaliste plus utile dans une société polarisée où les fake-news alimentent le débat public.

La défense du journaliste – et plus largement de tout leader d’opinion et libre penseur – est la deuxième étape pour repenser la liberté d’expression à l’ère du numérique. Les textes de lois doivent être pensé pour défendre les journalistes et les médias contre la vulnérabilité économique. Les productions des médias sont vendues au quotidien et rémunéré dans les nouveaux modèles économiques dans un certain manque de transparence. Les grandes plateformes numériques vendent les contenus sans verser une compensation juste aux médias. Ceci devait amener les Etats à prendre des dispositions obligeant ces grandes entreprises à mieux rémunérer les producteurs de contenus médiatiques.

Sur le plan des libertés, les journalistes ont été invité à plus de professionnalisme. Ils se doivent de garantir aux citoyens un contenu véridique et indépendant pouvant l’aider à mieux participer au débat public. Cependant en amont, des lois garantissant la protection des sources, la non-détention des journalistes et le libre accès aux ressources publicitaires doivent être prises par les dirigeants. Ces mécanismes uniques de protection et de transparence pourront permettre aux médias de jouer leur rôle premier qui est de garantir aux citoyens sa liberté d’accès à l’information.